L'isolation thermique par l'extérieur (ITE) est aujourd'hui plébiscitée. Elle représente la solution la plus performante pour envelopper un bâtiment, éradiquer les ponts thermiques et offrir une nouvelle jeunesse à une façade. Le principe du "manteau" isolant continu a fait ses preuves, transformant des passoires thermiques en habitats confortables et économes.
Cependant, une fois la décision d'isoler par l'extérieur actée, un choix stratégique se présente, un arbitrage qui va conditionner toute l'identité du projet : la finition. Faut-il opter pour un système sous enduit, ou s'orienter vers une solution sous bardage ?
Cette question est loin d'être un simple dilemme esthétique. Derrière ces deux termes se cachent des logiques techniques radicalement différentes, des mises en œuvre spécifiques, des profils de performance distincts et des budgets qui ne jouent pas dans la même catégorie. Le choix entre l'enduit, solution de continuité et de discrétion, et le bardage, option de rupture et de modernisation, est un véritable nœud gordien qui engage le propriétaire sur des décennies. L'analyser en profondeur est la seule manière de prendre une décision éclairée. Voyons tout cela de plus près !
ITE, enduit ou bardage : deux systèmes, deux philosophies
La première distinction fondamentale est technique. L'ITE sous enduit, souvent appelée "mur-manteau", est un système monolithique. Les panneaux isolants, le plus souvent du polystyrène expansé (EPS) - pour des raisons de coût - ou de la laine de roche - pour la performance au feu -, sont fixés au mur porteur (collés ou calés-chevillés). Ils sont ensuite recouverts d'un sous-enduit dans lequel est marouflée une trame de fibre de verre, qui assure la cohésion et la résistance mécanique.
Enfin, une couche de finition (un enduit mince ou un RPE) vient donner l'aspect final. C'est un système "humide", où les couches adhèrent les unes aux autres pour former un tout solidaire et étanche à l'air et à l'eau.
Le bardage, à l'inverse, relève de la technique de la façade ventilée. Il s'agit d'un système "sec". Une ossature, généralement en bois ou en métal, est d'abord fixée au mur porteur. C'est entre les montants de cette ossature que l'isolant est inséré. Celui-ci peut être de même nature (laine de roche) ou, plus logiquement, un isolant en panneaux semi-rigides comme la fibre de bois. Un pare-pluie est ensuite déroulé sur l'isolant pour le protéger des infiltrations.
L'élément crucial vient ensuite : une lame d'air de quelques centimètres est ménagée entre le pare-pluie et le parement final. Ce parement, le bardage, peut être en bois, en composite, en fibrociment, en métal ou en PVC. L'air circule en continu dans cet espace, de bas en haut, assurant une ventilation permanente.
ITE, enduit ou bardage : le match des performances
Sur le plan de la performance thermique hivernale pure, le match est nul. C'est l'épaisseur et la conductivité thermique de l'isolant qui font le travail, pas la finition. Qu'il soit sous un enduit ou derrière un bardage, un isolant avec une résistance thermique R de 7 m².K/W aura la même efficacité contre le froid. Les deux systèmes sont donc parfaitement éligibles aux aides à la rénovation (MaPrimeRénov', CEE) s'ils atteignent les seuils de performance requis.
Le véritable enjeu se déplace sur un terrain plus actuel : le confort d'été. Face aux vagues de chaleur, empêcher la chaleur d'entrer est devenu aussi crucial que de la garder l'hiver. C'est ici que les deux systèmes se séparent. Le système sous enduit, dominé par le polystyrène, offre un déphasage thermique très faible. Le polystyrène est léger, il stocke peu la chaleur. Le pic de chaleur de 14h traverse l'isolant en quelques heures et est restitué à l'intérieur du logement dès la fin d'après-midi. À l'inverse, l'ossature du système bardage permet d'accueillir des isolants biosourcés à haute densité, comme la fibre de bois. Ces matériaux, beaucoup plus denses, offrent un déphasage de 10 à 12 heures. La chaleur est stockée et ne pénètre que très tard dans la nuit, lorsque la température extérieure a chuté, permettant une évacuation par simple ventilation nocturne.
La gestion de l'humidité est le second point de divergence majeur. Le système sous bardage, avec sa lame d'air ventilée, est un modèle de salubrité pour le mur. Toute humidité provenant de l'intérieur (vapeur d'eau) qui traverse le mur et l'isolant est captée par le flux d'air et évacuée.
De même, si une infiltration d'eau de pluie survenait, elle sécherait très rapidement. C'est un système "perspirant" qui laisse le bâti respirer.
L'ITE sous enduit, surtout si elle est associée à du polystyrène, est beaucoup plus "fermée". Elle forme une barrière étanche qui peut, dans certains cas de rénovation sur bâti ancien (pierre, pisé), bloquer l'humidité et créer des désordres si la migration de la vapeur n'a pas été correctement étudiée.
ITE, enduit ou bardage : durabilité, entretien et résistance
L'épreuve du temps est un autre arbitre. L'enduit, par nature, est exposé. Il est sensible aux chocs. Un coup de ballon, un vélo mal appuyé, et l'enduit peut s'écailler ou se fissurer, surtout sur les systèmes en polystyrène, plus tendres. Il est aussi sujet à l'encrassement (pollution) et au développement de micro-organismes (algues rouges, traces vertes) sur les façades nord ou humides. Son entretien consiste en un nettoyage régulier et, à terme (15 à 25 ans), en un ravalement complet.
Le bardage offre un profil de durabilité différent, qui dépend entièrement du matériau choisi. Un bardage en bois naturel (mélèze, douglas, red cedar) peut durer des décennies. Il demandera soit un entretien régulier (saturateur, lasure) pour conserver sa teinte, soit il sera laissé "grisailler" naturellement, ce qui est un choix esthétique sans impact sur sa durabilité.
Les bardages en composite, en fibrociment ou en métal, eux, ne demandent quasiment aucun entretien, hormis un simple nettoyage. Ils sont extrêmement résistants aux chocs et leur couleur est stable dans le temps.
En cas d'impact majeur, il est souvent possible de remplacer une seule lame, là où l'enduit nécessiterait une reprise de panneau plus complexe et visible.
ITE, enduit ou bardage : le diktat de l'esthétique et du Plan local d'urbanisme
L'impact visuel est sans doute le critère le plus subjectif, mais aussi le plus structurant.
L'enduit est la solution de la continuité. Il permet de conserver l'aspect "maçonné" et traditionnel de la maison. C'est une rénovation discrète, qui modernise sans dénaturer. La palette de couleurs et de finitions (grattée, talochée) est quasi infinie.
Le bardage, lui, est une affirmation. C'est un choix de rupture, qui modifie radicalement l'identité de la maison. Il offre une opportunité de modernisation unique, permettant de jouer sur les matières (le grain du bois, la sobriété du zinc, la modernité du composite) et les types de pose (verticale, horizontale, ajourée).
Ce choix n'est cependant pas totalement libre. L'arbitre final et souvent impitoyable est le Plan local d'urbanisme (PLU). Dans de nombreuses communes, et particulièrement dans les zones de patrimoine protégé (Architectes des Bâtiments de France), le bardage est tout simplement interdit, ou son usage est très restreint (couleurs, matériaux).
L'enduit, plus consensuel, passe presque partout. Il est impératif de consulter les règles d'urbanisme de sa commune avant même d'envisager une solution de bardage, sous peine de voir son projet retoqué.
ITE, enduit ou bardage : l'arbitrage financier
Le budget est souvent le nerf de la guerre. Sur ce point, l'avantage va très nettement à l'ITE sous enduit, en particulier la filière polystyrène. Le matériau est économique, la mise en œuvre est rapide et maîtrisée par de nombreuses entreprises. C'est la porte d'entrée la plus accessible pour une ITE performante.
Le bardage, lui, représente un investissement initial bien supérieur. La double structure (ossature), la lame d'air, le pare-pluie et surtout le coût du parement lui-même s'additionnent. La main-d'œuvre est également plus coûteuse car la pose est plus technique et plus longue. Il n'est pas rare de voir un devis d'ITE sous bardage être 30% plus élevé qu'une ITE sous enduit pour la même performance thermique.
Il faut toutefois noter que le bardage est plus tolérant sur les supports irréguliers. L'ossature permet de rattraper les défauts de planéité d'un vieux mur en pierre, là où une ITE sous enduit exigerait un travail préparatoire coûteux pour redresser le support.
Vous l'aurez compris, il n'existe pas de réponse unique, seulement des arbitrages intelligents. L'ITE sous enduit est la solution de l'efficacité budgétaire et de la discrétion esthétique. C'est le choix de la performance hivernale au meilleur coût, idéal pour les budgets contraints et les environnements urbains stricts.
L'ITE sous bardage est le choix de la performance globale et de l'affirmation architecturale. Plus coûteux, il apporte une réponse technique supérieure au confort d'été, à la gestion de l'humidité et à la durabilité sans entretien (selon le matériau). C'est un investissement à plus long terme dans le confort, la résilience climatique et l'identité du bâtiment.
Le choix final dépendra d'une hiérarchisation des priorités : le budget d'abord ? L'esthétique avant tout ? Ou la performance technique pure, été comme hiver ?
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